L’oppression et la violence dans l’enfance dans Le Grand Cahier d’Agota Kristof
et Le Ruban blanc de Michael Haneke

    Le totalitarisme et l’autocratisme sont des termes qui semblent venus tout droit du passé. Ils évoquent le troisième Reich de Hitler, l’URSS de Staline et la Chine de Mao. Ce sont des systèmes politiques qui ont, de par leur violence et leurs horreurs, laissé des cicatrices dans l’Histoire. Le concept du parti unique existe pourtant encore aujourd’hui et marque notre passé rapproché. Pol Pot et ses Khmers rouges ont mis le Cambodge à feu et à sang. Les talibans menaient l’Afghanistan par la force des armes. La République populaire de Chine, la Corée du Nord, Cuba et le Viêt Nam sont des exemples de pays qui sont présentement dirigés par des régimes qui sont, ou sont presque totalitaires. Le Grand Cahier, publié en 1986(1),  d’Agota Kristof, écrivaine hongroise maintes fois récompensée, et Le Ruban blanc(2) , réalisé en 2009, de Michael Haneke, réalisateur autrichien gagnant de la Palme d’or pour ce film, offrent tous deux un regard différent sur ces régimes, un regard qui se pose sur l’enfance dans ces contextes d’oppression et de violence. Le Grand Cahier se présente sous la forme d’un recueil de compositions écrites par deux jumeaux évoluant au cœur d’une Hongrie du temps de la Deuxième Guerre mondiale et de l’emprise du totalitarisme soviétique. Le film Le Ruban blanc, pour sa part, présente l’histoire d’un groupe d’enfants habitant un petit village allemand à l’aube de la Première Guerre mondiale où l’encadrement moral strict et la domination du patriarcat se tournent souvent vers la violence pour s’imposer. Il est possible d’étudier dans ses deux œuvres la nature de l’oppression et de la violence qui entourent les enfants, les réactions immédiates de ceux-ci face aux actes de violence et d’oppression et les impacts psychologiques qu’ont leurs milieux sur eux à long terme.
Couverture du Grand Cahier.
Les Éditions Points.

1. La nature de l’oppression et de la violence
  
Il est fort pertinent de décortiquer tout d’abord le contexte sociohistorique des œuvres et les formes d’autorité qui régissent l’environnement dans lequel les personnages d’enfants évoluent, car ces éléments sont la base même de l’oppression et de la violence qu’ils subissent et qu’ils infligent.

1.1 La nature de l’oppression et de la violence dans Le Grand Cahier
   
La Hongrie dépeinte par Agota Kristof est dévastée par les ravages d’une guerre totalitaire, en l’occurrence la Deuxième Guerre mondiale sous l’installation du totalitarisme soviétique, bien qu’elle ne soit pas nommée directement dans le livre.(3)  C’est une guerre où le front s’installe dans les villes, où les soldats marchent dans leurs rues et où le pays tout entier est monopolisé par le conflit. Les conditions de vie sont difficiles : « La Grande Ville est bombardée jour et nuit, et il n’y a plus de nourriture. On évacue les enfants à la campagne, chez des parents ou chez des étrangers, n’importe où ».(4)  Les deux jumeaux, protagonistes principaux du roman, se retrouvent ainsi déposés chez leur grand-mère par leur mère pour fuir la ville alors que leur père est au front. Une chambre de la demeure de leur grand-mère, qui se situe proche d’une frontière gardée par l’armée, sert à héberger un soldat. Ce contexte de pauvreté, d’occupation et de guerre aveugle au statut de chacun « fait éclater en éclats une sphère protectrice de l’enfance […]).(5) Ceci est montré dans le roman par l’état de survie dans lequel les enfants sont placés bien malgré eux.

Cela a pour effet de tuer l’individualité. Devant un tel climat, les gens ont tendance à former une personne commune en perdant tout ce qui les distingue au profit d’un esprit collectif en réponse à la terreur qui les entoure : « Aux barrières et aux voies de communication entre les hommes individuels, [la terreur totale] substitue un lien de fer qui les maintient si étroitement ensemble que leur pluralité s’est comme évanouie en un Homme unique aux dimensions gigantesques. »(6)  L’omniprésence de la violence et de l’horreur crée donc un contexte oppressant qui brime les libertés individuelles.(7)  Cette perte de l’individualité se présente dans le roman par la création d’un « nous gémellaire ».(8) Ce nous gémellaire montre les jumeaux en tant que « je + je » plutôt que le nous classique qui est plutôt « je + non-je ».(9)  Ce concept est illustré dans le roman au moment où les jumeaux sont interrogés et que leurs souffrances semblent être vécues par le même corps : « Nous ne pouvons plus ouvrir les yeux. Nous n’entendons plus rien. Notre corps est inondé de sueur, de sang, d’urine, d’excréments. Nous perdons connaissance. »(10)  Ce « nous » crée donc une unité déroutante chez les jumeaux qui laissent place à leur individualité pour former un tout.

La perte de l’individualité crée par la guerre amène par ailleurs la fin du sens commun. Le sens commun « reconnaît l’existence de la vérité, la validité de l’expérience, l’utilité du dialogue, la nécessité de la solidarité ».(11)  C’est l’idée d’une morale partagée des relations humaines. Or, la perte de l’individualité tue les relations humaines en créant deux masses séparant ceux confondus dans sa propre masse commune et les autres qui deviennent considérés comme des ennemis. L’idéologie promue par les systèmes et par la guerre efface les morales anciennes en appliquant des idéaux qui lui sont propres. La violence est maintenant libérée de pitié. Les tentatives d’agir face à cette idéologie sont punies. Dans Le Grand Cahier, les jumeaux remettent en question les idéaux qui les entourent, mais modèlent toutefois leur autoéducation sur des parties de ceux-ci telles que la cruauté et la violence physique et mentale. Cette remise en question est bien illustrée par un passage où les jumeaux dénotent l’injustice qui existe entre l’abondance de vivres des soldats et les personnes qui meurent de faim et l’exposent au soldat qui vit sous leur toit qui répond : « Et alors? Pas penser à ça. Beaucoup de gens mourir de faim ou d’autre chose. Nous pas penser. Nous manger, et pas mourir ».(12)  

La fin du sens commun qui apparait avec le totalitarisme et la guerre totale donne naissance à ce qu’on appelle le Mal absolu. Il est appelé ainsi, car « il s’agit d’un mal absolu parce qu’il empêche, avec cette destruction du monde, le mal d’apparaître comme un mal et prétend même se confondre avec le bien ».(13)  C’est le règne de la violence. Cette dernière devient le seul rapport entre les hommes puisque les lois et les codes moraux sont anéantis et que « la terreur totalitaire est sans limites, parce qu’elle n’est pas un moyen en vue d’une fin, mais ne se distingue pas de la fin du pouvoir dont elle est la réalisation. »(14)  Les enfants deviennent donc les proies de la violence et de l’oppression des adultes qui sont eux-mêmes victimes de l’oppression du système qui régit leur univers. Les protagonistes du livre sont témoins à plusieurs reprises de cette violence gratuite : « Grand-mère nous frappe souvent, avec ses mains osseuses, avec un balai ou un torchon mouillé. Elle nous tire par les oreilles, nous empoigne par les cheveux. D’autres gens nous donnent aussi des gifles et des coups de pieds, nous ne savons même pas pourquoi ». Les jumeaux ne vivent pas que la violence, ils sont aussi soumis aux pulsions immorales des adultes. Par exemple, la servante du curé, qui leur offre de leur donner un bain, se met nue devant eux, suce leurs sexes et les fait sucer ses seins pendant qu’elle se masturbe. Aussi, un officier de passage les fait le flageller dans le dos et sur les fesses jusqu’à ce qu’il saigne. Ces exemples démontrent bien que dans ce contexte d’absence de morale, les adultes laissent sortir toutes leurs bassesses dans la mesure où ils n’ont pas à se soucier des lois et des jugements.

La figure d’autorité principale des personnages est leur grand-mère. Cette dernière se présente comme le reflet de la société dans laquelle elle vit. Elle leur impose le même apprentissage de l’obéissance que le régime en place. C’est ainsi qu’elle devient une figure d’oppression pour eux dans la mesure où elle tente de les soumettre à son service. Par exemple, lorsqu’elle leur impose de travailler afin de pouvoir avoir de la nourriture.(15)  Elle agit de telle façon parce qu’elle prône l’idéologie que la vie ne donne rien gratuitement et qu’il faut travailler pour gagner son pain à tout prix. La grand-mère représente donc ici le reflet de la société dans laquelle elle vit, elle qui a toujours eu à travailler pour mettre de la nourriture sur la table le soir. Elle se distingue de la mère des jumeaux qui, elle, représentait la tendresse. 

1.2 La nature de l’oppression et de la violence dans Le Ruban blanc
   
Image de couverture du DVD, tirée du film
Les évènements relatés dans Le Ruban blanc ont pour théâtre un petit village protestant de l’Allemagne à l’aube du premier conflit mondial. Le groupe d’enfants présenté dans le film évolue donc dans un contexte puritain, religieux, totalitaire et patriarcal. L’utilisation du noir et du blanc par le réalisateur renchérit d’ailleurs sur cette idée de climat rigide et moralisateur. L’oppression et la violence font partie intégrante du quotidien du village. Se présentant comme les mémoires de l’instituteur de l’endroit, le film laisse donc planer une certaine subjectivité et laisse place à la remise en question de la véracité des évènements présentés. D’ailleurs, la violence n’est jamais représentée directement à l’écran puisque l’instituteur n’était pas présent aux moments des actes, comme lorsque le pasteur punit ses enfants. Le fait que la violence soit faite de façon « cachée » accentue l’idée que cette dernière tient ses origines d’endroits profonds et inconscients. Le plan de caméra lors de la scène de la punition des enfants du pasteur par ce dernier présente un corridor qui donne sur une porte. La scène montre son fils marcher dans le corridor, ouvrir la porte et la refermer. La connaissance de la nature des actes qui sont posés dans la pièce vient des sons des claques et des gémissements de l’enfant qui s’entendent à travers la porte fermée. De plus, le fait que le Mal surgisse du hors-champ crée des questionnements sur les origines invisibles du Mal. Il y a donc ici une réflexion sur les origines d’un Mal qui « sont à chercher ailleurs que dans le visible ».(16)

Les sources d’oppression principales qui régissent le village se nomment absolutisme et puritanisme. Absolutisme protestant qui met de l’avant les valeurs dont cette religion fait la promotion. Il y a donc ici la création d’un Idéal qui se veut vrai et parfait(17) , mais qui est perverti par l’aveuglement qu’il crée. Tout écart à cette vision des choses est donc considéré comme mauvais : « Dans ce contexte absolutiste, la moindre volonté personnelle, la moindre intention de changement ou d’insurrection est interprétée comme une tare morale ».(18)  Puisque la société dépeinte dans le film en est une patriarcale, c’est le rôle des pères de faire appliquer cette doctrine morale stricte. Cette forme d’éducation repose sur la violence et l’humiliation punitives et la création d’un sentiment de culpabilité. L’exemple parfait pour illustrer ce propos est la scène où le pasteur punit ses enfants en les obligeant à porter attaché autour de leur bras un ruban blanc pour qu’ils se souviennent du chemin qu’ils doivent suivre pour atteindre l’Idéal de leur société et des punitions qui les attendent s’ils ne se plient pas strictement à l’éducation qu’on leur donne. C’est l’oppression par l’Idéal. Haneke lui-même dit que « n’importe quel idéal est perverti dès qu’on l’érige en absolu. Ce sont les racines de tout terrorisme – qu’il soit politique ou religieux ».(19) Il ajoute que « si on pense savoir ce qui est juste, on devient très vite inhumain ».(20)  L’oppression et la violence passent donc par la perversion des hommes de pouvoir qui, se croyant détenteurs de la Justice et de la Vérité, appliquent un terrorisme religieux et laissent aller leurs pulsions de Mal en se justifiant d’être les porteurs de la morale parfaite. Leurs actes de violence «ne sont que la matérialisation d’un mal accepté de tous et lové dans l’intimité des familles ».(21)

Ces hommes qui se voient donner le pouvoir de cette société patriarcale imposent à leurs enfants leur Idéal par « le conditionnement de l’âme par le radicalisme ».(22)  C’est la tentative d’imposer la pensée unique du système qui fait pression et violence. Il y a une volonté de déshumaniser l’homme en lui enlevant la chance de faire son propre cheminement moral et d’établir lui-même la ligne entre ce qu’il croit être bon et ce qu’il croit être mauvais. Il en résulte donc une sorte de totalitarisme de la pensée à la recherche d’un individu collectif respectant la morale et les idéaux, même corrompus, du système. La scène où le pasteur, tentant de dissuader son fils de se masturber sous prétexte que ce geste va à l’encontre de la morale, attache les poignets de ce dernier à son lit pendant la nuit illustre bien ce concept. En punissant et en humiliant son fils de la sorte, il tente de créer chez lui un sentiment de culpabilité pour implanter les idéaux qu’il s’est probablement lui-même fait imposer à force de violence par son père.

1.3 Comparaison de la nature de la violence et de l’oppression dans les deux œuvres 
    
 Il est possible de comparer sur plusieurs points la nature de la violence et de l’oppression dans Le Grand Cahier et dans Le Ruban blanc. Les enfants des deux œuvres évoluent dans des contextes, quoique très différents l’un de l’autre, de régimes totalitaires. La Hongrie occupée et pauvre de la Deuxième Guerre mondiale se rapproche du village allemand protestant sous l’emprise d’un rigorisme religieux à l’aube de la Première Guerre mondiale. Malgré leurs différences, ces deux régimes poursuivent le rêve du totalitarisme en imposant leurs idéaux et en tentant de tuer l’individualité au profit d’un individu collectif. Cet individu collectif s’impose grâce à la terreur de la guerre, à l’absence de morale et aux idéaux du système dans Le Grand Cahier et grâce à l’éducation stricte, à la morale toute puissante et aux idéaux religieux dans Le Ruban blanc. Toute volonté de changement et d’agissements allant à l’encontre de l’idéologie en place se voit punie dans les deux œuvres. Cependant, la violence n’est pas abordée de la même façon. Dans le livre d’Agota Kristof, la violence nait de la perte du sens commun et de l’apparition du Mal absolu dans un contexte où les lois et les relations humaines sont disparues. La violence est faite devant les yeux de tous. Dans le film de Michael Haneke, la violence nait de la perversion d’un Idéal vu comme parfait. Cette violence est cachée bien qu’elle soit connue de tous. Finalement, chacune des œuvres met en scène une figure d’autorité oppressive qui est le reflet de la société dans laquelle elle évolue. D’un côté il y a la grand-mère des jumeaux et, de l’autre, les hommes de pouvoir qui s’imposent comme figures morales de leur village.    

2. Les réactions immédiates des enfants face à la violence et à l’oppression

Il est important, pour comprendre l’impact de la violence et de l’oppression chez les enfants, de différencier les réactions immédiates de ceux-ci face à la violence et les effets psychologiques à long terme qui seront le sujet des prochains paragraphes.

2.1 Les réactions immédiates des enfants face à la violence et à l’oppression dans Le Grand Cahier

Scène de la pièce de théâtre Le Grand Cahier 
de la troupe Bec-de-Lièvre
Les personnages des enfants dans Le Grand Cahier ne connaissaient pas la violence au quotidien avant d’arriver chez leur grand-mère pour fuir la guerre. Ils vivaient dans le calme et la tendresse de leur mère. La forme même du livre d’Agota Kristof reflète l’effet immédiat de meurtre des sentiments que produisent la violence et l’oppression chez les personnages des jumeaux. Puisque le livre est présenté comme un recueil de compositions faites par ces personnages, il est possible d’en déduire qu’il traduit leurs pensées. L’écriture même permet de déduire l’état d’esprit des jumeaux. En effet, ces derniers pratiquent dans leur façon d’écrire les choses une atrophie de la langue qui « est comme le symptôme de celle [l’atrophie] de la vie intérieure ».(23)  Ils cherchent l’objectivité absolue dans leurs compositions en tentant de rejeter tous les mots pouvant avoir plusieurs sens, en particulier ceux qui servent à décrire des sentiments :

Nous écrirons : « Nous mangeons beaucoup de noix », et non pas : « Nous aimons les noix », car le mot « aimer » n’est pas un mot sûr, il manque de précision et d’objectivité. « Aimer les noix » et « Aimer notre mère », cela ne peut pas vouloir dire la même chose. La première formule désigne un goût agréable dans la bouche, et le deuxième un sentiment. Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues, il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c’est-à-dire à la description fidèle des faits.(24)

Cette démarche s’inscrit dans la lignée de la « tentative de meurtre de la langue maternelle ».(25)  Les jumeaux s’adonnent d’ailleurs à un « exercice d’endurcissement de l’esprit »(26)   où ils s’insultent et se disent les mots d’amour que leur mère leur disait afin de leur enlever toute charge émotionnelle qui amène de la douleur, de la haine ou de la tristesse. Cette atrophie de la langue démontre ici le déni des sentiments des jumeaux qui tente d’en arriver à une anesthésie émotionnelle.

Le fait de mettre de côté toute intériorité pousse les jumeaux à un « surinvestissement de la réalité extérieure ».(27)  En effet, les deux protagonistes du roman analysent avec une démarche détachée et chirurgicale les éléments du monde qui les entoure. Ils dépensent leur énergie psychique sur ce qui est extérieur à eux plutôt que de la tourner vers les effets intérieurs que provoque le l’univers dans lequel ils évoluent (la langue atrophiée du roman est d’ailleurs un reflet de ce surinvestissement). En s’adonnant à des exercices basés sur ce qu’ils voient autour d’eux tels qu’apprendre à mendier, à souffrir physiquement et à être cruels, les jumeaux réussissent à garder la réalité extérieure neutre en détachant tout sentiment personnel possible de ces réalités. Lorsque leur grand-mère, pendant qu’ils font un exercice de cruauté et exigent d’être ceux qui tuent les animaux, leur demande s’ils s’adonnent à cette pratique par plaisir, ils lui répondent : « Non Grand-Mère, justement, nous n’aimons pas ça. C’est pour cette raison que nous devons nous y habituer ».(28)    Cet extrait démontre bien le désir chirurgical des personnages de ne pas associer de sentiments personnels à des réalités extérieures. Le fait que le livre ne suive pas une trame narrative avec une ligne directrice, mais qu’il propose plutôt des chapitres présentant chacun un évènement, crée aussi l’impression que les jumeaux n’accordent pas plus d’importance à un élément qu’à un autre et qu’ils ne cherchent pas à trouver des liens de causalité entre ces derniers.

Les jumeaux réagissent aussi à « l’apprentissage de l’obéissance »(29)  que leur grand-mère tente de leur inculquer. L’apprentissage de l’obéissance est le moyen par lequel un éducateur impose ses valeurs et ses idéaux à l’enfant afin de le mettre en état de soumission et de lui enlever la volonté d’avoir ses propres idées et sa propre personnalité. La grand-mère tente principalement de leur inculquer l’idée que la vie est difficile et qu’il faut travailler pour gagner son pain en leur imposant des corvées en échange de nourriture. Bien qu’ils ne se soumettent pas nécessairement à leur éducatrice, les jumeaux semblent transposer cette idée que la vie ne donne rien gratuitement sur leur propre autoéducation en s’imposant eux-mêmes des labeurs tels que les exercices qu’ils font afin de tenter de contrôler leur vie.

2.2 Les réactions immédiates des enfants face à la violence et à l’oppression dans Le Ruban blanc

Les enfants dans Le Ruban blanc sont exposés depuis toujours à la violence et à l’oppression, car ces éléments font partie intégrante de la société dans laquelle ils vivent. Les choix de montage du réalisateur Haneke sont le reflet des réactions des enfants face à la violence et à l’oppression qu’ils subissent. En effet, le choix de ne pas présenter les actes de violence commis par les enfants et de les laisser dans le hors-champ sert à comprendre l’état d’esprit des jeunes. Bien qu’ils soient depuis longtemps baignés dans la haine, les jeunes protagonistes du film semblent réagir de plus en plus fortement à une violence et à une oppression qui sont elles aussi grandissantes. Comme présenté plus tôt dans cette analyse, le hors-champ sert ici à questionner les origines inconscientes du Mal qui règne dans le village. Néanmoins, le fait que les actes faits par les enfants soient eux aussi cachés tend à montrer que ces derniers réagissent, mais toujours en restant dans l’idée proposée de la violence dans le village.

La réaction des enfants est elle aussi violente. La fille du pasteur, par exemple, se venge de son père, le pasteur du village, après que celui-ci l’ait empoignée et obligée de force à s’installer debout face au mur du fond de la classe pour la punir du chaos qui régnait dans cette dernière lorsqu’il a ouvert la porte. Il dit alors au reste de la classe la honte qu’il éprouve envers sa fille qui n’agit pas comme « la fille du guide spirituel de ce village ».(30)  Pour se venger, elle tue avec une paire de ciseaux l’oiseau de son père. La scène n’est toutefois pas montrée. On voit d’abord la jeune fille approcher de la cage avec des ciseaux. Puis, il y a un changement de scène. On revoit plus tard l’oiseau, mort en forme de croix avec la paire de ciseaux dans le gosier sur le bureau du pasteur.(31)  La forme de croix peut être interprétée comme une rébellion face à la religion et le fait que la violence ne soit pas montrée démontre l’idée que la violence est une chose qui existe dans le village, mais qu’elle n’est pas faite au grand jour.
Scène du film Le Ruban blanc

Les divers actes de violence que posent les enfants ne sont pas toujours des vengeances. Il semble néanmoins qu’en posant de tels actes, ils tentent de repousser les limites des cadres oppressifs fermes, de changer la donne en renversant l’ordre établi. Il est possible de voir les réactions des enfants comme de potentielles réactions à « l’apprentissage de l’obéissance » que les éducateurs masculins du village tentent de mettre en place. Les figures paternelles nourrissent un désir de soumettre leurs enfant et de leurs imposer une façon de penser et une personnalité modelée sur leurs propres idéaux. Puisque cet apprentissage, qui passe surtout par l’imposition d’un cadre religieux strict sur le plan des valeurs et des vertus, est en somme la source de l’oppression que subissent les enfants, il est possible d’établir que les réactions violentes des enfants s’attaquent aussi à ce cadre. Le Ruban blanc présente la révolte, consciente ou inconsciente, des enfants d’une génération qui ne semblent pas vouloir adhérer à la génération qui vient avant eux. Les protagonistes représentent une partie des enfants allemands de cette époque qui ont soif de changement. Ce désir de changer les façons de penser crée un climat favorable pour la montée du troisième Reich. Ce film se veut d’ailleurs est une interrogation sur les racines du fascisme.(32)  

2.3 Comparaison entre les réactions immédiates des enfants face à la violence et à l’oppression dans les deux œuvres

Il est possible de comparer sur plusieurs points la nature des réactions immédiates des enfants face à la violence et à l’oppression. Un élément majeur qui distingue les deux contextes est que les jumeaux dans Le Grand Cahier goûtent pour la première fois à un contexte oppressif tandis que le groupe d’enfants dans Le Ruban blanc y est confronté depuis le début de leur vie. Les deux œuvres ont en commun le fait que la forme (la langue atrophié des exercices d’écriture et la violence hors-champ) de l’œuvre sert à comprendre la façon de penser des enfants et leurs actions. Les protagonistes des deux œuvres semblent vouloir, en réaction au contexte qui les entoure, se forger une identité propre, bien que les façons soient très différentes. Les jumeaux tentent de se fondre dans les réalités extérieures qui les entourent aux dépens de leur personnalité intérieure. Ils veulent forger leur identité par rapport à ces réalités. Les enfants allemands, d’un autre côté, tentent plutôt de se forger une identité en rejetant les réalités extérieures oppressives dans lesquelles ils vivent depuis leur naissance. Ils ne cherchent pas à fuir leur personnalité intérieure, mais plutôt à découvrir cette dernière. Aussi, dans les deux œuvres, les protagonistes ne semblent pas adhérer aux tentatives de soumission de leurs éducateurs, mais ils agissent parfois inconsciemment selon les idéaux qu’on tente de leur enfoncer dans la gorge.

3. Les impacts psychologiques de la violence et de l’oppression à long terme sur les enfants.

La violence et l’oppression que subissent les enfants dans les deux œuvres n’ont pas que des effets immédiats sur eux, mais aussi des impacts psychologiques importants qui s’ancrent dans leur inconscient. Cette partie est importante dans l’analyse, car elle pose un regard sur l’importance de l’éducation dans le développement personnel de l’individu.

3.1 Les impacts psychologiques de la violence et de l’oppression à long terme sur les enfants dans Le Grand Cahier.

En plus des réactions immédiates des jumeaux face à la violence et à l’oppression, il est possible de faire ressortir des effets psychologiques à long terme de ces deux éléments sur les protagonistes. Le changement le plus marquant qui apparait chez les deux personnages est  l’atteinte d’une anesthésie émotionnelle inconsciente. De par leurs exercices de conditionnement, autant physique que psychologique, qui sont, comme vu précédemment, la réaction d’un surinvestissement de la réalité extérieure, les personnages finissent par éliminer toute réponse émotionnelle face aux éléments du monde qui les entoure. L’exemple le plus probant de ce conditionnement se retrouve dans le dernier chapitre du roman. En effet, après avoir froidement empoisonné leur grand-mère à sa demande, les enfants assassinent leur père à des fins personnelles. Sachant qu’il veut traverser la frontière pour fuir le pays, les jumeaux le font passer devant eux afin qu’il leur ouvre le chemin en pilant sur une mine : « Nous nous couchons à plat ventre derrière le grand arbre, nous bouchons nos oreilles avec nos mains, nous ouvrons la bouche. Il y a une explosion. Nous courons jusqu’aux barbelés avec les deux autres planches et le sac de toile. Notre Père est couché près de la seconde barrière. Oui, il y a un moyen de traverser la frontière : c’est de faire passer quelqu’un devant soi ».(33)  La violence et l’oppression que subissent les jumeaux les transforment donc dans la mesure où ces éléments les amènent à faire leur propre éducation et, par le fait même, à tuer sentimentalité. Cet idée se traduit dans l’écriture que font les jumeaux dans leur cahier, puisque le vocabulaire fait moins preuve de questionnement sur le monde extérieur et plus preuve d’un contrôle des actions qu’ils posent. Ils deviennent aussi de plus en plus violents et s’imposent face aux adultes. 

L’arrivée à cette anesthésie émotionnelle se fait en partie par la présence dans la vie des jumeaux de ce qu’on appelle « la pédagogie noire ».(34)  Cette théorie de l’éducation, développée par l’auteure Alice Miller, se distingue en deux mécanismes principaux qui sont respectivement la dissociation et la projection. La pédagogie noire en tant que telle inclut toute forme d’éducation qui tente d’inculquer à une personne une idéologie en tuant l’intériorité de cette même personne. La dissociation correspond à la répression des sentiments au profit de ceux que l’enseignement juge bons. La projection correspond à prendre la haine des sentiments refoulés et à les extérioriser en violence sur quelqu’un d’autre.(35)  Ce qu’il y a de particulier avec les deux protagonistes du livre, c’est qu’ils sont à la fois victimes de cette éducation et éducateurs. Ils pratiquent la dissociation par désir de fuir ce qu’ils connaissaient de leur vie d’avant, comme lorsqu’il tente de tuer la langue maternelle et les mots de tendresse. L’évolution du profil psychologique des personnages dans le roman permet d’arriver à la conclusion que la dissociation fait ces effets. Le deuxième mécanisme de la pédagogie noire, la projection, ne se retrouve pas vraiment dans le roman.   

3.2 Les impacts psychologiques de la violence et de l’oppression à long terme sur les enfants dans Le Ruban blanc.

Ultimement, les enfants du film de Haneke sont présentés comme des victimes de la pédagogie noire. Cette pédagogie qui, comme présenté plus tôt dans l’analyse, passe par la figure patriarcale, laisse des traces dans l’inconscient du groupe d’enfants. Bien que les enfants tentent de se distancer des idéaux de leurs parents, une certaine forme de dissociation est présente chez eux. En effet, le fait qu’ils utilisent eux-mêmes la violence comme moteur de leurs actions illustre le mécanisme de dissociation qui met de l’avant que cette idée, que la violence dont font la promotion les adultes est la seule façon de se faire comprendre, s’ancre en eux. La violence devient donc un élément important de leur pensée, car elle leur fut imposée par la pédagogie noire. Les enfants sont donc conditionnés à une façon inconsciente d’agir. Le fait que le film présente une succession d’actions violentes démontre l’omniprésence de cette façon de penser dans le village. Ainsi, les enfants utilisent un élément imposé de l’extérieur pour tenter de retrouver leur intérieur.

Bien que le mécanisme de la projection ne soit pas directement présenté dans le film, le contexte de ce dernier laisse présager la montée du nazisme dont ces enfants feront partie. Alice Miller elle-même utilise l’exemple des enfants allemands qui projettent leur haine de l’enfance envers les enfants juifs, dans une « reproduction inévitable du meurtre de leur propre existence d’enfants ».(36)  La présence d’un ruban blanc attaché au bras des enfants du pasteur pour les punir dans le film rappelle visuellement le brassard nazi que les soldats porteront quelques années plus tard en signe d’affiliation. Un élément laisse toutefois présager une sorte de projection, bien qu’il ne puisse pas vraiment être vu comme tel dans la mesure où la projection fait appel à un bouc émissaire commun. En effet, les enfants plus vieux du village, ceux qui commettent les actes de violence, s’attaquent deux fois à d’autres enfants considérés plus faibles qu’eux. Une première fois lorsqu’ils battent un jeune handicapé et le laissent accroché à un arbre dans le bois.(37)   Une deuxième fois lorsqu’un enfant s’en prend physiquement à un autre plus jeune et vole sa flute en bois. Il est possible de voir cette violence, qui n’est plus portée que contre les adultes, comme une vengeance envers l’enfance qu’ils n’ont pas vraiment eue. Le fait que les enfants victimes soient considérés comme plus faibles démontre le fait que les agresseurs ne veulent pas s’attaquer à des personnes qu’ils jugent de leur rang et qui vivent les mêmes réalités. Le handicapé mental, en particulier, reçoit plus d’amour et de soin de sa mère en raison de sa condition particulière et il est possible de voir son attaque comme une vengeance des autres enfants en raison de la jalousie qu’ils ont face à la condition plus clémente de son enfance.

Il est aussi possible de présenter le phénomène qui mène les enfants à réagir aux actes de violence. En effet, puisque ces enfants sont depuis leur naissance victime d’une pédagogie noire oppressive, un phénomène de dépossession  apparait.(38) La dépossession se caractérise par l’aboutissement des facteurs oppressants chez une personne. L’aliénation et la perte du sentiment d’individualité mènent alors à une révolte activée par la violence fondamentale de l’homme et par le désir de repossession de soi. Cette révolte devient la seule solution envisageable afin de sauver l’identité propre d’une personne. Bien que le film ne présente pas le début de la vie des enfants qui commettent des actes de violence, le fait que le film commence avec un acte d’une telle nature indique qu’il commence par le même fait au moment où cette révolte identitaire prend forme.

3.3 Comparaison entre les impacts psychologiques de la violence et de l’oppression à long terme sur les enfants dans les deux œuvres.

Il est possible de faire ressortir des impacts psychologiques semblables et différents dans les deux œuvres. Chez les deux groupes d’enfants, la pédagogie noire et le mécanisme de dissociation qui lui est associé sont fortement présents. Néanmoins, dans Le Grand Cahier, les enfants font le choix de s’imposer une telle pédagogie malgré le fait qu’elle soit en grande partie motivée par le contexte qui entoure les jumeaux. Dans Le Ruban blanc, les enfants subissent cette pédagogie et n’ont aucun contrôle sur cette dernière. Néanmoins, les protagonistes du livre de Kristof arrivent éventuellement à une anesthésie émotionnelle tandis que le film de Haneke présente des enfants qui sont motivés par des sentiments. Ces sentiments naissent de la dépossession qu’ils vivent. Les jumeaux ne sont quant à eux pas vraiment victimes de ce phénomène.

Conclusion

En conclusion, il est possible de comparer la violence et l’oppression dans l’enfance sur plusieurs points dans Le Grand Cahier d’Agota Kristof et Le Ruban blanc de Michael Haneke. Dans les deux œuvres, les enfants évoluent dans un régime totalitaire où une figure oppressive est le reflet de sa société. Néanmoins, la violence ne nait pas par les mêmes raisons. D’une part elle nait de l’éducation du monde extérieur et de l’autre, d’une révolte contre ce monde. Dans les deux œuvres, les enfants réagissent de façons violentes à la violence et à l’oppression qu’ils vivent et tentent de se forger une identité. Cependant, les jumeaux tentent de se créer une identité par rapport au monde qui les entoure et le groupe d’enfants dans le film de Haneke tente de se forger une identité qui se distingue du monde extérieur. De plus, les protagonistes des deux œuvres sont victimes à long terme de la pédagogie noire même si dans Le Grand Cahier c’est par choix. Ultimement, les jumeaux arrivent à l’anesthésie émotionnelle tandis que les enfants du village se laissent emporter par leurs sentiments. Bien que mes œuvres se situent avant les années cinquante, il a été vu en introduction que les régimes totalitaires existent toujours. Avec les résultats de cette recherche montrant les impacts négatifs de ces contextes sur l’enfance, il serait intéressant de porter un regard actuel sur les impacts des régimes totalitaires modernes sur leur jeunesse afin de déterminer si les impacts sont toujours aussi négatifs et si les erreurs se répètent. Il faudrait analyser l’état actuel de la société qui est ou qui était totalitaire et le mode de pensée de la jeunesse qui y vit. Selon moi, bien que les réactions doivent être différentes, une éducation qui impose une pensée unique doit toujours être néfaste pour ceux qui se la font imposer.


(1)A. Kristof, Le Grand Cahier.
(2)M. Haneke, Le Ruban blanc.
(3)C. Trevisan, « Les enfants de la guerre : Le Grand Cahier d’Agota Kristof », [article en ligne], (site       consulté  le 27 janvier 2011).
(4)A. Kristof, Op. cit., p. 8.
(5)S. Audoin-Rousseau cité par C. Trevisan, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 27 janvier 2011).
(6)F. Bussy, « Le totalitarisme ou le règne de l’inhumain: La chute du siècle dans la guerre », [article en ligne], (site consulté le 12 mars 2012).
(7)C. Trevisan, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 27 janvier 2011).
(8)Loc. cit.
(9)Loc. cit.
(10)A. Kristof, Op. cit., p. 126.
(11)F. Bussy, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 12 mars 2012).
(12)A. Kristof, Op. cit., p. 76.
(13)F. Bussy, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 12 mars 2012).
(14)A. Kristof, Op. cit., p. 20.
(15)A. Kristof, Op. cit., p. 14.
(16)S. Lavallée, « Le Ruban blanc : la violence du hors-champ », [article en ligne], (site consulté le 8 février 2012).
(17)C. Renaud, « Le Ruban blanc », [article en ligne], (site consulté le 8 février 2012).
(18)J.-P. Gravel, « Le village des damnés », [article en ligne], (site consulté le 8 février 2012).
(19)C. Renaud, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 8 février 2012).
(20)Loc. cit.
(21)Loc. cit.
(22)J.-P. Gravel, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 8 février 2012).
(23)C. Trevisan, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 27 janvier 2011).
(24)A. Kristof, Op. cit., p.33-34.
(25)C. Trevisan, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 27 janvier 2011).
(26)A. Kristof, Op. cit., p. 24.
(27)C. Trevisan, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 27 janvier 2011).
(28)A. Kristof, Op. cit., p. 56.
(29)A. Miller, C’est pour ton bien : Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant, p. 23
(30)M. Haneke, Le Ruban blanc, 1h10
(31)M. Haneke, Op. cit., 1h25
(32)J.-P. Gravel, Op. cit., [article en ligne], (site consulté le 8 février 2012).
(33)A. Kristof, Op. cit., p. 190-191.
(34)A. Miller, Op. cit., p. 77
(35)Ibid., p. 107
(36)Loc. cit.
(37)M. Haneke, Op. cit., 1h42
(38)R. Nahmiash, L’oppression et la violence dans l’œuvre d’Anne Hébert, p.54





MÉDIAGRAPHIE

Corpus :

Haneke, Michael, Le Ruban blanc, Autriche, Les Films du Losange, 2009, 144 minutes.
Kristof, Agota, Le Grand Cahier, Paris, Éditions Du Seuil. 1986, 191 p.

Article de périodique Le Grand Cahier :


Trevisan, Carine, « Les enfants de la guerre : Le Grand Cahier d’Agota Kristof », 1er septembre 2010 dans Amnis revue de Civilisation Contemporaine de l’Université de Bretagne Occidentale, [article en ligne], France, [http://amnis.revues.org/952], (site consulté le 27 janvier 2011).

Articles de périodiques pour Le Ruban Blanc :

Collet, Jean, « A propos du Ruban blanc de Michael Haneke », Études, vol. 412, 2010-2011, p.108-110 (consulté sur Cairn le 8 février 2012).
D.P., « L’enfance du mal », Libération, 21 octobre 2009, p.CIN2 (consulté sur Eureka le 8 février 2012).
Douin, Jean-Luc, « Le Ruban blanc : violence et boucles blondes dans l’Allemagne puritaine », Le Monde, 22 mai 2009, p.18 (consulté sur Eureka le 8 février 2012).
Gravel, Jean-Philippe, « Le village des damnés », Ciné-Bulles, vol. 28, n° 1, 2010, p.10-11 (consulté sur Érudit le 8 février 2012).
Kermabon, Jacques, « L’œuvre ouverte », 24 images, n° 145, 2009- 2010, p.52-53 (consulté sur Érudit le 8 février 2012).
Lavallée, Sylvain, « Le Ruban blanc : la violence du hors-champ », Séquences, n° 265, 2010, p.44-45 (consulté sur Érudit le 8 février 2012).
Li-Goyette, mathieu, « Garderie étampée croix gammée », 5 février 2010 dans Panorama-Cinéma, [article en ligne], Québec, [http://www.panorama-cinema.com/V2/critique.php?id=128], (site consulté le 8 février 2012).
Lussier, Marc-André, « Le Ruban blanc : les racines du mal », La Presse, 4 février 2010, p.CINEMA5 (consulté sur Eureka le 8 février 2012).
Renaud, Charlotte, « Le Ruban blanc », Études, vol. 411, 2009-2010, p.396-397 (consulté sur Cairn le 8 février 2012).
Scott, A.O., «Wholesome Hamlet's Horror Sends a Jolt to the System», The New York Times, 29 décembre 2009, p. C1 (consulté sur Eureka le 8 février 2012).
Tremblay, Odile, « Implacable et brillant Michael Haneke », Le Devoir, 22 mai 2009, p.a1 (consulté sur Eureka le 8 février 2012).

Sources complémentaires d’informations :

Livre : 


Miller, Alice, C’est pour ton bien : Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant, France, Éditions Aubier Montaigne, 1983, 320 p.

Article en ligne :

Nahmiash, Robert, «L’oppression et la violence dans l’œuvre d’Anne Hébert», Juillet 1972 dans eScholarship de l’Université McGill, [article en ligne], Québec, [http://digitool.Library.McGill.CA:80/R/-?func=dbin-jump-full&object_id=45887&silo_library=GEN01], (site consulté le 8 février 2012)